Penser au-delà de l’Etat

 

Les dérives du capitalisme, la financiarisation à outrance et la crise qu’elle a engendrée ont eu pour effet de remettre au goût du jour la figure de l’Etat-Nation, pensé comme facteur d’intégration et comme rempart indispensable face aux turbulences de la globalisation. Face à ce retour en force d’une pensée protectionniste des sociétés contemporaines, de plus en plus décalée par rapport aux réalités économiques et stratégiques, ce livre met en lumière les limites du paradigme étatique et propose de penser résolument au-delà de l’Etat.

De toute part émergent des interrogations sur les alternatives possibles aux formes de pouvoir qui se sont historiquement imposées comme corrélatives de la toute-puissance du marché et du capital. Questionnement du partage du sensible, revival de la société contre l’Etat, réflexions sur les relations entre pouvoir et résistance, remise en chantier du micro-politique et du moléculaire, réactualisation du débat sur le communisme, c’est véritablement un champ expérimental qui s’ouvre au croisement de la philosophie et de l’antrhopologie politique.

 

Marc ABELES

Penser au-delà de l’Etat

Belin – 2014 – 110 pages

 

Si le titre de l’ouvrage est simple dans la formulation il est ambigu dans le sens. Nous pouvons y voir au moins deux significations :

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Du neurone aux neurosciences cognitives

 

Nées au 19e siècle du désir de comprendre l’origine des maladies mentales, les neurosciences se développent en même temps que les innovations technologiques, les instruments de mesure et de visualisation. Une multitude de disciplines travaillent à la connaissance du fonctionnement cérébral par des approches aussi différentes que la recherche moléculaire, la génétique, l’exploration cognitive ou la clinique.

Cet ouvrage, écrit par deux spécialistes incontestés du domaine de la biologie et de la physiologie a la particularité rare de conjuguer les acquis les plus récents avec le fil historique des recherches depuis le 19e siècle. Il présente les enjeux actuels des recherches sur le cerveau, enjeux considérables pour la société. Des exemples significatifs, des expériences clés et leurs résultats, accompagnés d’une documentation fournie et précise, montrent l’état des connaissances actuelles de ces recherches, tout en les évaluant et les situant dans un contexte plus large.

 

 

François CLARAC & Jean-Pierre TERNAUX

Du neurone aux neurosciences cognitives

EMSH – 2015 – 450 pages

 

Aujourd’hui, nous savons que les neurones sont connectés entre eux, en réseaux fonctionnels distincts qui se sont complexifiés au cours de l’évolution. Ces derniers sont capables d’apprentissage et constituent les supports anatomiques de l’élaboration d’activités comportementales multiples. Ce soubassement cellulaire et les phénomènes d’intégration qu’il sous-tend constituent les fondements de l’expression comportementale. Les propriétés intrinsèques de l’élément neuronique sont autant de traits significatifs qui lient la structure aux diverses actions accomplies.

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Le climat va-t-il changer le capitalisme ?

 

Le climat se réchauffe, personne ne le conteste, le moment de l’action est venu. Non, cette Planète n’est pas condamnée, il faut seulement prendre conscience que l’économie aborde un nouveau et gigantesque défi.

La réponse des économistes au changement climatique s’articule autour du « prix du carbone » : les émetteurs de carbone devraient payer pour leurs émissions. C’est du bon sens, mais c’est une révolution. De Jean Tirole à Michel Rocard, les auteurs rassemblés dans cet ouvrage mettent ainsi en lumière des choix économique fondamentaux qui nous sont proposés, les aléas des processus des décisions politiques, la tension entre coopération internationale et intérêts de chaque Pays.

Le capitalisme peut-il réellement changer ? Le 20e siècle a déjà connu une « grande transformation » par laquelle le capitalisme sauvage et le prolétariat caractéristiques du 19e siècle ont cédé la place à un capitalisme mixte et aux classes moyennes. Aujourd’hui, après la crise financière, tout est à reprendre et la lutte contre le réchauffement climatique ouvre une nouvelle ère : la transition vers l’économie bas-carbone sera la grande mutation du 21e siècle.

 

 

Jacques MISTRAL (Dir.)

Le climat va-t-il changer le capitalisme ?

Eyrolles – 2015 – 270 pages

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CHINE : L’âge des ambitions

 

Vue de loin, la Chine nous apparaît sous des traits déformés : une nation de ploutocrates pragmatiques et d’étudiants implacables dont le seul rêve est de contrôler l’économie globale. Ou un géant un peu confus, rongé par la corruption et au bord de la stagnation. Nous ne voyons pas l’extraordinaire façon dont les Chinois, puissants ou modestes, réinventent leurs vies dans un Pays en pleine mutation.

Durant toutes les années qu’il a passé en Chine, l’auteur a été le témoin des profonds changements politiques, économiques et culturels qui s’y sont déroulés. Ce récit fascinant décrit la collision entre la montée de l’individualisme et la lutte du Parti pour garder le contrôle. Pourquoi ce Pays, qui a permis à son peuple d’accéder à la richesse, s’acharne-t-il à lui refuser la liberté d’expression ? Pourquoi des millions de jeunes Chinois, séduits par la culture occidentale, résistent-ils à ce point à son influence ?

 

Evan OSNOS

CHINE : L’âge des ambitions

Albin Michel – 2015 – 495 pages

 

            Voilà un livre remarquable !

On comprend aisément qu’il ait reçu le National Book Award 2014.

A la différence de nombre d’essais « en chambre », celui-ci provient des huit années que l’auteur a vécu in situ. Nous retrouvons-là une démarche comme celle de Mark Leonard (UK) et de Frédéric Martel (F) = Se documenter … et aller explorer sur place. De fait, E.O. s’est écarté des jugements d’un occidental pour privilégier de décrire avant tout les vies des Chinois selon leurs propres termes.

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En finir avec le libéralisme à la française

 

Si la France est aujourd’hui en crise, c’est parce qu’elle s’est enlisée depuis trente ans dans le libéralisme. Car, la France, malgré ses dépenses publiques record et son droit du travail pléthorique, est bel et bien libérale.

L’Etat a démissionné. Après avoir libéralisé l’économie sans aucune stratégie, il se contente de porter à bout de bras ceux, toujours plus nombreux, qui ne trouvent pas leur place dans le système.

Dans ce contexte, chacun défend ses intérêts. Les investisseurs et les entreprises se concentrent sur le court terme. Les grands groupent engagent des luttes fratricides avec les PME et négligent leurs employés. Les banques s’écartent de leur mission, et la politique monétaire joue les pousse-au-crime.

Tous les gouvernements sans exception soutiennent ce modèle libéral. Mais aucun ne l’assume, ce qui fait le lit de tous les extrêmes et discrédite la classe politique.

Pour Guillaume Sarlat, polytechnicien et inspecteur des Finances, fondateur d’une société de conseil en stratégie aux entreprises, en finir avec le libéralisme à la française passe par des mesures concrètes : sortir de la BCE, créer une dette publique perpétuelle, défiscaliser les investissements de long terme…

Nul besoin de nouvelles idéologies, mais de politiques qui osent passer à l’action.

 

 

Guillaume SARLAT

En finir avec le libéralisme à la française

Albin Michel – 2015 – 230 pages

 

Il n’y a pas d’alternative, vraiment ?

Nos divers responsables politiques de tout bord depuis au moins trois décennies ont tenu ces propos. Ils crient à la faillite de la France. Pour l’auteur, cette attitude fait le jeu des politiques et favorise leur intérêt en maintenant un statu quo. Il conteste cette vision, à condition de développer une alternative.

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La tyrannie des modes de vie

Les modes de vie sont ce qui nous affectent le plus, et pourtant ils sont hors de notre contrôle. Il y a là un paradoxe: nous, individus réputés libres et démocratiques, sommes dans les fers des modes de vie. Ceux-ci nous imposent en effet des attentes de comportement durables (avoir un travail, être consommateur, s’intégrer au monde technologique, au monde administratif, au monde économique…) auxquels nous devons globalement nous adapter. Ce paradoxe démocratique est renforcé par un paradoxe éthique: c’est au moment où l’on assiste à une véritable inflation éthique, par la multiplication des comités, chartes, conseils, règlements, labels éthiques en tout genre, tous censés protéger les droits individuels, que les modes de vie de plus en plus contraignants étendent comme jamais leur emprise sur les individus. Ce qui veut dire que tout ce dispositif éthique sert en réalité à blanchir le système et les modes de vie qui en découlent, qui peuvent ainsi étendre leur emprise en étant éthiquement pasteurisés. Notre éthique ne sert donc pas à critiquer le système ni les modes de vie, mais à les accompagner dans leur marche triomphale. Enrayer cette marche est le défi éthique et politique majeur de notre temps.

 

Mark HUNYADI

La tyrannie des modes de vie

Le bord de l’eau – 2015 – 115 pages

 

Après un titre peu explicite et une quatrième de couverture n’éclairant pas franchement le propos, le premier exemple a le bon gout de mettre en lumière le sujet que l’auteur va explorer tout en en délimitant les frontières.

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Tout comprendre avec René Girard / Petit traité de la violence

Avec Girard, c’est non seulement notre vie personnelle et sociale qui s’éclaire d’un jour nouveau mais également tous les grands problèmes auxquels nous somme de plus en plus confrontés. A partir de la violence et de la religion, Girard refait l’Histoire de l’humanité, de la culture, et nous ouvre les yeux sur notre passé, notre présent et notre devenir. Son explication est des plus accessible puisque, par un formidable coup de balai, il jette à la trappe toute la philosophie, des présocratiques aux structuralistes, et met au placard toutes les sciences humaines sans exception. Fini le gaspillage de temps et d’intelligence pour aller à l’essentiel : trouver la vraie issue de secours pour éradiquer la violence !

 

 

Paul DUBOUCHET

Tout comprendre avec René Girard / Petit traité de la violence

L’Harmattan – 2015 – 215 pages

 

Que dire ?

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Cogito 3 / L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN 2015 vu en 1995

 

Le texte qui suit, retrouvé dans les archives du Groupe FUTUROUEST, fut publié en Mars 1995 dans la revue Futuribles. S’il s’agit bien d’une œuvre collective (une quinzaine de personnes de Futurouest y a participé), la « patte » de Loeiz Laurent est indéniable. Il m’est apparu juste de le faire figurer dans ce dialogue posthume. [Livre à paraître au Printemps 2016].

LF

  

                  Nous sommes en 2015, l’Union Européenne se compose d’une cinquantaine de grandes régions autonomes. Sept grandes régions francophones s’imposent par leur forte présence culturelle. Couvrant l’équivalent de douze anciens Départements, l’Armorique est l’une d’elle et comprend 49 bassins de vie (voir la carte qui montre pour la Bretagne les aires d’attraction des villes-centres de chaque bassin). Les compétences de gestion administrative sont maintenant partagées entre l’Europe, les Etats-Régionaux, les Bassins de vie, les Communes.

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Cogito 2 / COMPTE – RENDU pour Futurouest Recherches du colloque organisé le vendredi 5 juin 2015 à BREST – UBO

COLLOQUE ORGANISE LE VENDREDI 05 JUIN 2015 à BREST – UBO

 

Pour le 15e anniversaire du Master MIDTE

 

La métropolisation : une opportunité pour le développement des territoires ?

 

Prises de notes :

=               Christian DEMEURE-VALLEE

=               Liam FAUCHARD

=               Pierre QUINQUIS

 

 

OUVERTURE

Pascal OLIVARD, Président UBO – François CUILLANDRE, Maire de Brest, Président de Brest Métropole – Jean BONCOEUR, Doyen de la Faculté de Droit.

 

                  FC tient un discours politique. Il trouve satisfaisante la réforme territoriale de 2014. Il justifie les écarts de DGF de 1 à 3 entre les pauvres et les riches (bonjour la République égalitaire !). Il semble n’avoir jamais entendu parler du « small is beautiful » ni du « bottom-up ». De même, il entretient la confusion entre « Métropole », organisation politico-administrative définie par la Loi française, et « Métropolisation ou Urbanisation » qui est un phénomène géographique et socio-économique de long terme, les « fonctions métropolitaines » pouvant exister dans des lieux peu denses.

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La manipulation politique du concept de métropole dans l’organisation du territoire français

 

François HULBERT, géographe.

Professeur émérite, Université de Lorraine à Metz.

Dernier ouvrage paru : Millefeuille territorial et décentralisation, L’Harmattan, 2014

 

En France le terme de métropole a commencé à être utilisé largement dans le cadre de l’aménagement du territoire et du rééquilibrage de la répartition de la population et des activités entre Paris et les régions. Il faut donc remonter à l’alerte lancée par J.F. Gravier dans son ouvrage Paris et le désert français (1947) pour comprendre le rôle que les décideurs veulent faire jouer à ce concept et la manipulation dont il fait l’objet.

Face à l’expansion démesurée de Paris au détriment des régions, il s’agissait alors de construire des métropoles d’équilibre permettant le développement des régions. Le constat était clair et montrait que la France ne disposait que d’une seule métropole, Paris, à la différence des pays voisins. On parlait alors de contenir, voire de limiter la croissance de l’agglomération parisienne.

 

Toute la politique d’intervention des années 50 aux années 90, à savoir 40 ans d’aménagement du territoire (La Documentation française, 2003), s’inscrivait dans cette perspective et affichait cette volonté. La politique des métropoles s’appuyait sur la théorie de François Perroux selon laquelle les grandes villes sont des pôles de croissance qui entrainent le développement dans l’espace périphérique.

 

En réalité Paris a continué d’affirmer sa suprématie, multipliant équipements et activités dans tous les domaines et concentrant en les développant les sièges sociaux des grandes entreprises et les services de haut-niveau qui les accompagnent. A tel point qu’aujourd’hui c’est Paris élargi à l’Ile-de-France qui représente près de 30 % du PIB national et 19% de la population française.

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