Biotechnologies / Les promesses du vivant

Aujourd’hui, les biotechnologies dépassent le cadre scientifique pour pénétrer l’ensemble de la société. Leur pouvoir transformateur n’a jamais été aussi grand et elles permettent de s’affranchir du temps de l’évolution. Elles proposent des solutions à de nombreux défis (médicaux, environnementaux, agricoles, etc.), en offrant de nouveaux possibles : la capacité de comprendre, de prévoir, de transformer et de créer.

            Cette puissance sans commune mesure est une formidable boîte à outils pour innover. Mais jusqu’où peut-on aller ?

 

Vanessa PROUX (Dir.)

FYP – 2015 – 255 pages

Dans l’introduction de cet ouvrage collectif, il est indiqué d’emblée que plusieurs acteurs doivent intervenir, à commencer par les philosophes ; que l’école a un grand rôle à jouer pour intéresser très tôt les plus jeunes à la biologie en tant que science du vivant. Les religieux et les politiques ont aussi leur place à condition qu’ils n’aillent pas là où va le vent, entretenus par des médias opportunistes qui devraient informer (faits) et pas manipuler (opinions factices. Il est néanmoins juste de constater que, plutôt que d’informer et de mettre en lumière tout ce que la science a apporté au bien-être de l’homme, le retour vers les obscurantismes est le plus souvent pratiqué.

 

Parmi tous les chapitres, tous intéressants, nous en signalons quelques-uns.

Ainsi le Chapitre-P40 porte sur le Biomimétisme, une constante dans l’histoire longue de la Nature. Le Chapitre-P50 s’intitule « La biologie de synthèse ». On y apprend que, non seulement elle peut tout produire, mais qu’elle peut faire aussi des choses qui n’existaient pas jusque-là ; et de citer le projet du professeur Luigi Luisi ç l’Université de Rome-III qu’il a appelé « les protéines jamais nées ». Par ricochet positif, ses travaux ont permis d’apprendre bien des choses intéressantes sur les propriétés de protéines naturelles.

L’un des plus passionnants, le Chapitre-P63 concerne la Bioproduction. Nous y apprenons que l’homme fait de la biotechnologie depuis des millénaires, par l’expérimentation, parfois le hasard. Ainsi du blé transformé en pain, du raisin transformé en vin, du lait transformé en fromage, du brassage de la bière, etc. L’intérêt des biotechnologies est aussi immense dans le domaine de la santé humaine. La Bioproduction concerne la fabrication de médicaments à partir de matières premières d’origine biologique ou par la mise en œuvre de biotechnologies. Cela concerne les vaccins, les protéines naturelles ou recombinantes, les thérapies géniques ou cellulaires.

 

L’intérêt des biotechnologies est double : elles permettent de produire des médicaments jusque-là non synthétisables par voie chimique, à l’image des protéines complexes ou des anticorps monoclonaux ; elles permettent aussi d’agir en synergie avec des médicaments produits à, partir de synthèse chimique, dont la toxicité est souvent un facteur limitant quant à la dose et à la fréquence d’utilisation.

 

Traditionnellement la Bioinformatique [Chapitre-P84] était l’analyse informatique des séquences ADN. Petit à petit, ses champs d’intérêt se sont élargis en incluant d’autres données recueillies via des plateformes technologiques. In fine, la Bioinformatique est devenue l’analyse des données dans un contexte des sciences de la vie. Elles concernent aussi bien la pharmacie que les biotechnologies ou le monde universitaire.

 

 

 

Le Chapitre qui s’ouvre P.108 porte sur les Nanotechnologies dont l’usage a véritablement explosé à partir des années 1990-2000. Leur application à la santé est aujourd’hui en pleine expansion. On compte actuellement 49 produits de santé sur le marché utilisant des Nanotechnologies et plus de 200 sont en cours de développement clinique. La Nanomédecine de première génération utilise la physique pour aider la biologie : des médicaments (molécules thérapeutiques classiques) ont été encapsulés dans des nanoparticules pour changer et améliorer la façon dont ils seront véhiculés et délivrés dans le corps humain.

 

Le sang [Chapitre-P162]. Plus de 100 millions de poches de sang sont distribuées chaque année dans le Monde. Il en faudrait trois fois plus. La moitié est consommée par 15% de la population mondiale, dans les Pays développés, et les trois quarts des transfusions concernent des patients de plus de 65 ans. Dans les Pays en développement, 75 % des transfusions concernent des enfants de moins de 5 ans. Nous manquerons de sang demain (déjà de nos jours) car la population augmente et vieillit. Il faut donc trouver de nouvelles ressources. Les promesses du sang artificiel via des biotechnologies sont ouvertes…

 

La Dermo-Cosmétique [Chapitre-P185] fait aussi partie des domaines présentés. Les principaux axes de recherche actuels concernent tout ce qui a trait à l’inflammation, un domaine très vaste. Viennent ensuite l’anti-âge (photo-vieillissement, réparations, fonctions barrières) et le solaire, sans oublier le domaine capillaire.

P192 commence le Chapitre sur « L’alimentation innovante ». Les aliments innovants ont vu le jour quand on a cherché à conserver un produit. C’est un principe très ancien. En agro-alimentaire, l’objectif est d’obtenir un aliment qui se conserve et soit disponible toute l’année à un prix régulier.

 

P202, nous trouvons « La mer et les biotechnologies marines », domaine où les perspectives sont immenses, tant les mers et océans regorgent de ressources diverses énormes. Par exemple, on récupère des lipides pour le biodiésel dans les algues, des enzymes ou des pigments. Dans les bactéries, en plus de la recherche de polysaccharides on peut également isoler des enzymes originales ou encore des molécules bactéricides ou bactériostatiques (bactériocines) qui peuvent être une source de nouveaux antibiotiques, mais encore des polyhydroxyalcanoates (PHA), considérés comme une alternative aux plastiques conventionnels, car ils sont biodégradables.

 

Un livre très complet et passionnant.

 

Renvois :

 

¤ André-Yves PORTNOFF, Clés pour le Nanomonde – FW N°30.

 

¤ Paul BENKIMOUN, Médecine : objectif 2035 – FW N°31.

 

¤ Claude ALLEGRE, La science est LE défi du 21e siècle – FW N°34.

 

¤ Pierre FEILLET, OGM, le nouveau Graal ? – FW N°41.

 

¤ Henri ATLAN, Le vivant post-génomique – FW N°41.

 

¤ Bernadette BENSAUDE-VINCENT, Fabriquer la vie (Biologie de synthèse) – FW N°43.

 

 

PhS