Le nouvel ordre électoral

 

Le tripartisme bouscule le jeu politique français, la gauche et la droite étant désormais talonnés par un Front National à 28 %. On prédisait un effondrement de la gauche, mais – première surprise – elle a fait jeu égal avec la droite au premier tour des élections départementales de 2015, puis l’a doublée aux élections régionales de la même année. Deuxième surprise : au second tour, le tripartisme provoque des duels d’une nature inédite. Grâce à une méthode statistique et cartographique nouvelle, Hervé Le Bras passe au crible les résultats électoraux des communes, des cantons et des régions. La formation de « fronts républicains » peut-elle perdurer dans ce nouveau contexte ? Quel est l’impact de la division de la gauche sur cette recomposition ? Quelle est la porosité entre la droite et l’extrême-droite ? Répondre à toutes ces questions, c’est comprendre les bouleversements politiques français depuis vingt ans. C’est aussi définir les termes de la prochaine élection présidentielle et des législatives qui l’accompagneront.

 

 

Hervé LE BRAS

Seuil – 2016 – 140 pages

 

            Quel livre décevant !

La quatrième de couverture du livre annonce une méthode statistique et cartographique nouvelle ; où-est-elle ?

Se référer aux cantons de la Troisième République, est-ce novateur ou révélateur d’une paresse d’analyse ? Les enquêtes (Cevipof et autres) montrent que pour 85 % des électeurs français, le canton n’a aucune signification concrète… même en milieu rural où il pourrait avoir « subsisté » dans les esprits… mais pas dans les faits.

Le plus stupéfiant réside dans les pourcentages présentés qui reposent uniquement sur les suffrages exprimés lors des ED-2015 et ER-2015, alors que l’auteur annonce lui-même que l’abstention est en moyenne de 35-40 % et culmine même à 50 % de temps à autre dans ces deux cas.

Il ne prend donc pas en compte ce que tout chercheur sérieux doit faire : le corps électoral total, c’est-à-dire, dans les Pays modernes qui pratiquent ainsi, toutes les personnes en âge de voter. En France : 48 millions de personnes de plus de 18 ans, dont 4 à 5 millions – apprécions la précision du Ministère de l’Intérieur – ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Le fait de ne pas s’inscrire emporte des analyses particulières.

Autrement dit : comme produire des analyses pertinentes en tablant sur la moitié du corps électoral ?

Cela nous semble ou fumeux ou impossible.

 

Renvois :

 

¤ Jean-Marc FERRY, La république crépusculaire – FW N°37.

¤ Hervé LE BRAS, Le mystère français (territoire et religion) – FW .N°48

¤ Gérald BRONNER, La démocratie des crédules – FW N°48.

¤ Olivier CHRISTIN, Une histoire du vote avant le suffrage universel – FW N°54.

 

 

LF