L’Euro et le peuple européen

            L’Union Européenne aurait mauvaise presse, ne serait pas assez sexy, serait trop bureaucratique, éloignée des peuples qui composent les Etats y adhérant… Mais qui sont ces personnes aigries vis-à-vis de ce que l’on nomme depuis les années 1960 « la construction européenne » ? Comment peut-on regretter les conflits du passé ? Un jeune ami Bavarois m’a envoyé son calcul : pour lui, en configurant les morts des guerres de 1870, 1914, 1940 … pour les seuls Etats concernés, on aboutit à la préservation de quinze millions de (jeunes) vies, grâce à l’espace de paix, de prospérité et de démocratie que les partisans d’une Europe unie ont impulsé.

            Comme l’écrit fort justement Elisabeth Guigou [1], plus que jamais l’Europe est notre avenir. Première puissance économique du Monde, seul espace politique où la peine de mort est abolie, référence universelle pour ses valeurs, sa justice sociale et son modèle de développement, premier donateur d’aide au développement des Pays pauvres, l’Europe est enviée à l’extérieur de ses frontières. Les peuples privés de liberté, de droits, d’éducation, de protection sociale la regardent comme un modèle et un espoir. Elle a énoncé un ensemble de valeurs et de droits individuels et collectifs, ensemble que l’on retrouve dans un texte court et percutant, la Charte des droits fondamentaux du traité de Lisbonne (Agence à Wien).

            Nous devons inciter nos représentants à, par exemple, aller au bout de l’application totale du Traité de Maastricht : harmonisation sociale et fiscale, intégration politique accrue, mécanismes de subsidiarité renforcés… De même, il faut rappeler que l’Euro nous a protégés d’une grave crise car chaque État laissé à lui-même aurait été la proie de la spéculation mondiale. L’Euro, instauré en 1999, n’est pas simplement un outil monétaire reconnu – 20 % des transactions mondiales se font en Euro – mais aussi un symbole d’appartenance à une aventure inédite, à une communauté de destin ; c’est un symbole emblématique de « l’Union dans la diversité », et un accélérateur de la mobilité intra-Europe. Sans son appartenance à l’Euroland, les Grecs seraient dans une situation bien plus grave que celle connue de nos jours… résultats des errements internes passés.

            L’aspect très positif de l’aventure de l’UE repose sur les visions et les pratiques que la plupart des jeunes ont acquises via la liberté de circulation et via les programmes d’échanges Erasmus, Leonardo et autres. Les enquêtes sur les valeurs des Européens montrent cette convergence. Les « bébés Erasmus » ne sont pas un fantasme mais une réalité, même si le chiffre d’un million est surévalué. Le petit Pedro né en Écosse de la rencontre d’une Française et d’un Espagnol. A l’âge venu, face à la découverte ou l’ignorance, comment se qualifiera-t-il ? L’espoir est grand que, comme des millions d’autres enfants, il se considère comme un élément enfin visible du peuple européen… Par ses grands-parents et parents il aura connu la Paix… et l’Euro.

 

Liam FAUCHARD / FutureScan / Janvier 2015

 

[1] L’Europe – Les défis à venir de la première puissance économique mondiale
Cherche Midi – 2014 – 220 pages