Atlas de la France du futur / Notre avenir en 72 cartes

Benoist SIMMAT

Autrement – 2016 -175 pages

 

Avertissement au lecteur (Warning !).

Les cartes présentées ici (avec leurs commentaires) sont des projections linéaires, en aucun cas des prospectives intégrant les ruptures, bifurcations, discontinuités… qui ne manqueront pas de se produire entre 2016 et … 2116 pour la carte la plus lointaine.

De plus, chaque carte est affublée d’un indice de probabilité sur 100, dont il n’est expliqué à aucun moment quels sont les algorithmes qui furent utilisés.

Quelques commentaires.

¤         P.19 – Le poids des seniors en 2040. L’âge-pivot de caractérisation est + 60 ans… alors que depuis les années 1990, les organismes sérieux utilisent l’âge-pivot de + 65 ans compte tenu de l’allongement de la durée de vie ; et + 75 ans pour caractériser « la vieillesse ».

 

¤         P.23. – Deux millions de plus de 95 ans en 2100. Oui, si l’on raisonne, comme l’ont fait apparemment les auteurs, toutes choses égales par ailleurs.

 

¤         P.27 – Des côtes françaises de plus en plus denses en 2040. Outre que la carte montre aussi un accroissement fort dans les Alpes et une partie des Pyrénées, cela semble vouloir dire que les Français ne tiendront aucun compte des propos alarmistes sur « la montée de eaux » sur les littoraux tels que décrit dans le chapitre Environnement du livre ?

 

¤         P.63 – L’essor du célibat. Why not ? Il est annoncé près de 50 % de ménages unipersonnels en 2040 avec un indice de probabilité de 65 % ; mais le vivre en colocation de formes diverses n’est pas intégré à l’hypothèse.

 

¤         P.67 – Paris-vélo, la nouvelle Amsterdam 2020 (!?) / Probabilité 70 %. Idéologie versus vraie recherche disruptive ?

 

¤         P.89 – Métropoles. L’avenir du Grand Paris 2030 / Probabilité 55 %. Le propos est convenu et daté « années 1970 » : pour être riche, puissant, reconnu, il faut être gros. L’ennui est que depuis trente ans la tendance est inverse : ce sont les petits qui gagnent en termes de qualité de vie et de revenus disponibles des ménages.

Le Grand Paris est un projet mégalomaniaque qui va accentuer les effets iatrogènes de l’urbanisation densificatrice au détriment des conditions de vie des Franciliens, mais ce n’est sans doute pas le souci des élites protégées ?

 

 

¤         P.93 – Tourisme : vers les cent millions de visiteurs en 2020 – c’est-à-dire dans un quart d’heure quand on connaît les bases de La Démarche prospective.

Vœu pieux ? Il est parfaitement connu que les chiffres du tourisme sont daubés et ne reflètent absolument pas la réalité. Outre que sur les 75 millions de visiteurs recensés – sans qu’on sache comment -, il y en a un quart qui ne fait que passer, mais les apports de Valeur Ajoutée ne sont pas mesurés avec précision. Moult Offices de Tourisme en sont encore à compter le nombre de personnes venues chercher une brochure… sans chercher à connaître et à interpréter les Valeurs Ajoutées économiques potentielles.

 

¤         P.110 – 2050 / Probabilité de 80 %. Alors là, nous sommes dans le délire IPCC garanti sur le réchauffement climatique, les températures affirmées de 26 à 43°c en Août 2050 ; la Camargue et les Charentes qualifiées de « futures Atlantides ? » en 2100 avec un indice de probabilité de 70 % (!), tout ceci sans discernement ni mise en perspectives contradictoires. Le fait observé par tous les observatoires de la Planète comme quoi la température moyenne du Globe – ce qui en soit est un indicateur pauvre – ne bouge plus depuis … 1998, semble leur avoir échappé.

 

¤         P.140 – 76 millions de Français au début du 22e siècle. 2100 / Probabilité de 65 %. Là, il faut reconnaître que la probabilité est (un peu) prudente. En effet, le temps où la démographie était facile à appréhender et où l’on pouvait faire des projections assez pertinentes à 20, 50 ans, est révolu. Voir la projection onusienne de 1970 qui donnait 10 Ghab sur Terre à l’horizon 2000 ; il y en eut 6 ! De même, les transitions démographiques qui prenaient des décennies dans le passé lointain ont montré des ruptures brutales dans un passé récent, ainsi du Brésil, de l’Iran, de la Russie… à la baisse ; du Nigéria, du Vietnam, de l’Indonésie… à la hausse.

 

¤         P156 – Les 105 Départements français en 2065. Heureusement, la probabilité est de 20 %. Evidemment puisque les Départements à la française sont obsolètes dans l’Ere de l’Information [NBIC – Globalisation] dans laquelle nous sommes entrés depuis plus de trente ans ! L’ennui, c’est qu’un lecteur rapide « croira » la projection du titre…

 

¤         P.161 – A l’assaut de la planète Mars. Les premières cités martiennes en … 2116. Diantre ! L’auteur de cette NDL étant membre actif de la Mars Society depuis 2007 – www.marssociety.org – peut affirmer que les auteurs n’y connaissent rien. Si l’on peut douter du programme Mars One du consortium néerlandais (2020), les engagements de SpaceX (Elon Musk) sont autrement plus crédibles. Certes 2018 semble un peu exagéré, mais 2030 pour une installation conséquente et durable sur la planète rouge est tout à fait crédible.

 

La formule est toujours la même « Ce livre a le mérite d’exister » et les cartographies de forme sont bien faites.

Mais la réserve subsiste : un lecteur peu averti prendra tout ça pour des certitudes, des prédictions…

 

Renvois :

 

¤ Jacques MARC, Comment l’Homme quitta la Terre – FW N°45.

¤ Jean-François BOUVET, Mutants : à quoi ressemblerons-nous demain ? – FW N°52.

¤ Nicolas CARTELET, Rêves de futurs – FW N°58.

 

 

LF