Depuis les années 1980, les Pays développés puis les Pays émergents sont entrés
dans l’Ère de L’Information, nom donné par consensus entre les chercheurs à ce qui fut nommée initialement « ère post-industrielle ». Correction salutaire car l’industrie – au sens premier du mot – est ce qui détermine toute prospérité telle que connue de nos jours ; simplement, l’information et son traitement sous toutes ses formes sont devenus une composante primordiale dans l’organisation du système productif central et de ses activités connexes. Sciences physiques (nanotechnologies), sciences du vivant (biologie, biotechnologies), sciences de l’information (télématique généralisée), cognition (à la recherche de l’homme augmenté). De même, avec des aspects sympathiques et d’autre nettement moins, la circulation des informations fait partie du quotidien d’une grande partie des Terriens (téléphone, tablette, Web…).
L’une des cinq composantes majeures de l’Ère de L’Information est la « culture du ET », assez souvent associée à des processus d’auto-organisation pour assurer la fluidité des actions. Le cas du salariat démontre parfaitement l’axiome. Les jeunes des Pays dynamiques ont compris que l’emploi à durée indéterminée, à temps plein, toute la vie, chez le même employeur, c’est fini, et adaptent leur carrière en conséquence. Et pour aller plus loin, dans le futur, la fluidité des activités passera par des successions de « ET » synonymes de pratiques diverses : salarié, indépendant, période sabbatique, fonctionnaire, de nouveau indépendant, etc.
Dans le domaine des déplacements, il est toujours troublant de trouver encore des
raisonnements obsolètes reposant sur l’ancienne culture du « ou ». Ou bien la voiture, ou bien les transports en commun. Les pratiques observées et constatées partout sur la Planète sont bien plus variées et correspondent à des moments entrelacés de la vie qui recourent au multimodal. Le vélo ET le tramway, la voiture ET le train, la moto ET la marche à pied, Le train ET l’avion, etc. L’homo sapiens se déplace de plus en plus localement et mondialement, et les pratiques complémentaires sont appelées à se diversifier encore plus dans les décennies qui viennent.
Dans le monde médical et pharmaceutique, cette manière d’être est également
utilisée en combinatoires. Ainsi, un médecin chinois sera ouvert aux apport de l’allopathie en la conjuguant avec des connaissances et pratiques venues de l’acupuncture et de la phytothérapie. Ainsi, un médecin africain utilisera des approches médicamenteuses apportées par l’Occident depuis près de deux siècles sans renoncer au couplage avec des connaissances empiriques des aïeuls, voire même venues du chamanisme.
Lorsqu’Henri Atlan a publié « L’utérus artificiel » en 2005, je suis resté perplexe : si un biologiste aussi sérieux et de renommée mondiale comme lui estime que cette pratique existera en 2030, c’est effectivement probable : des couples, après copulation naturelle, verrons leur enfant grandir dans une couveuse d’un type nouveau à travers un hublot. Cette perspective, qui accentuerait l’indépendance de la femme – elle ne serait plus esclave de la grossesse -, viendrait prendre place, là-aussi dans la culture de l’inclusion. Ainsi, des couples, quelle que soit leur nature, aurait recours à la gestation traditionnelle, à l’assistance médicale à la procréation (AMP), ou encore à l’utérus artificiel (qui supprime de facto la GPA !), sans omettre tous les
couples qui décideront… de ne pas avoir d’enfant du tout, ou tout simplement d’en adopter.
Ces exemples ne sont pas isolés, nous trouvons cette « culture du ET » aussi dans
la consommation des ménages, les énergies, le droit, les loisirs, les expressions politiques…
Progrès évident : tout choix est un acte de responsabilité.
Liam FAUCHARD / FutureScan / Octobre 2015