En Arctique, avec le changement climatique et le recul de la banquise, des ressources et opportunités inespérées s’annoncent. Faisant ainsi de cet espace un enjeu stratégique et économique pour les Etats côtiers que sont le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, la Suède, les USA. Les revendications des uns et des autres sur les plateaux continentaux, les riches fonds marins, ou les fameux passages du Nord-Est et du Nord-Ouest attisent des querelles. Celles-ci portent plus sur des potentialités que sur des réalités prouvées de ressources exploitables, mais sont déjà l’objet de fortes tensions et conflits de souverainetés.
Michel FOUCHER (Dir.)
L’Arctique, nouvelle frontière
CNRS – 2014 – 180 pages
Ouvrage très didactique avec des contributeurs géographes, géo-politologues, juristes, économistes…quand ils se cantonnent à leur discipline.
Ainsi, laissons de côté l’affirmation que « l’océan Arctique devrait être totalement vide de glace entre 2015 et 2020 ». Ce ne sera, évidemment pas le cas ; un autre contributeur précisant « … que les projections ne sont pas inéluctables, tant les paramètres à intégrer, nombreux et complexes, sont sans cesse revus et corrigés. »
Concernant le passage du Nord-Est, peu accessible jusqu’alors et le plus prometteur, les auteurs fournissent des données. Il est ouvert depuis 4 ans pendant quatre mois (Juillet => Octobre). En 2013, près de 300 navires ont obtenu l’autorisation de la Russie pour l’emprunter. Le passage est réservé aux bâtiments doté d’une coque renforcée et acceptant le passage en convoi derrière un brise-glace. Les Russes vont investir 35G€ pour aménager des ports de maintenance et de secours, et accroître leur flotte de brise-glace. Le péage par navire derrière le brise-glace est de 350 000$, au tarif moyen de 5 dollars la tonne de cargaison. Pour un armateur, ce passage peut représenter jusqu’à 650 000$ d’économie de fioul pour 20 jours de navigation en moins et 250 000$ de frais fixes, soit un gain atteignant les 900 000$.
Si la Russie s’est clairement positionné, y compris via des investissements substantiels, d’autres Pays comme le Canada se montrent plus timides. Les incertitudes sur les évolutions climatiques font partie des composantes de cet attentisme ; de plus, un Pays comme l’Islande est avant tout préoccupé par des zones de pêche nouvelles plus que par une exploitation des hydrocarbures du sous-sol arctique. On notera aussi l’intérêt de la Chine tout en regrettant que les auteurs n’aient pas rappelé que cet Etat est, depuis 1925, partie au Traité du Svalbard (19 Etats signataires). La souveraineté norvégienne reconnue, les signataires ont néanmoins le droit d’y exploiter des ressources naturelles et d’y faire des recherches ; dans ce cadre, la Chine y possède une station de recherche arctique.
PhS
Renvois :
¤ Jacques MERLE, Océan et climat – FuturWest N°26
¤ Laurent TOUCHART, La Russie et le changement climatique – FuturWest N°43
¤ Katia et Guy LAVAL, Incertitudes sur le climat – FuturWest N°49