Rêves de futur

Tout change au 19e siècle : la révolution industrielle bouleverse en profondeur les sociétés occidentales. Les ingénieurs et les scientifiques multiplient les inventions et transmettent à leurs concitoyens la folie du progrès, ce mot magique qui apaise les craintes et fait rêver aux bonheurs du futur. L’an 2000 est alors une commodité, une date clé qui cristallise tous les espoirs de l’humanité en mouvement. Avec l’apparition de la locomotive, de la voiture et bientôt l’avion, les prédictions quant aux merveilles que réservent le 20e et le 21e siècle vont bon train.
De Jules Verne à George Orwell, en passant par le rêve électrique d’Albert Robida et les prophéties de H.G. Wells, ce livre convie le lecteur à un voyage au fil de prédictions parfois hasardeuses, souvent drôles et quelques fois incroyablement visionnaires. Il y croisera des prophètes, des rêveurs, des scientifiques et des idéologues qui furent tous animés par la même question : à quoi ressemblera le Monde en l’an 2000 ?

Nicolas CARTELET
Rêves de futurs
Ouest-France – 2014 – 170 pages

Ce livre grand format réjouira les amateurs de vignettes illustratives d’antan, piochées par l’auteur dans des publications datant parfois des années 1860. Les images, dessins, photos choisis sont de grande qualité.
P.37, le lecteur trouvera les fameuses trois lois de la robotique d’Isaac Asimov (1942).
Robida, grand visionnaire, a une obsession : le progrès (technique) incontrôlable. Auteur prolixe, il présente comment aller rapidement d’Europe en Afrique au lieu de prendre le bateau : grâce au tube express Madrid – Tanger !
Pour d’autres auteurs, l’échec de la prévision est cruel : ainsi de G. Clémenceau qui
déclare en 1882 « Dangereuse, puante, inconfortable, ridicule assurément, vouée à l’oubli rapide, telle est la voiture automobile qu’en Allemagne MM. Benz et Daimler viennent de présenter au Kaiser Guillaume. »
P.63, nous trouvons l’usage courant de ballons dirigeables individuels.
Le chapitre ouvert P.108 porte sur « La peur du terrorisme ». Avec une erreur bizarre P.110 où est présenté dans un texte de 1882 un aéronef d’un anarchiste (Hartmann) qui opère durant …la Seconde Guerre Mondiale !
À partir de la P.121 nous abordons « Confins et Abysses », et notamment l’aventure
spatiale ou l’exploration des océans profonds.
Deux réserves :
Les praticiens de la Prospective seront inquiets de l’utilisation de ce vocable pour
caractériser les visions présentées ; ce sont des futurologies, pas des prospectives.
D’autre part, l’introduction de l’auteur est contestable quand il utilise le « nous » au lieu du « je », en écrivant « Notre naïveté en a pris un coup » « Et notre optimisme aussi ». Non, nous sommes encore très nombreux – notamment parmi les jeunes Terriens – à avoir confiance dans tous les progrès scientifiques et techniques à venir… et qui nous font encore rêver.
PhS