Survivants. Pourquoi nous sommes les seuls humains sur Terre.

L’Afrique passe aujourd’hui pour le berceau de nos premiers ancêtres humains ; est-elle également le lien originel de notre espèce Homo sapiens et de ce qui lui est propre : le langage, l’art, la technologie complexe ? L’hypothèse de cette double sortie d’Afrique, d’abord étayée par des restes fossiles, se nourrit des données archéologiques et génétiques, y compris, depuis peu, l’ADN des fossiles néandertaliens.

            L’évènement essentiel – le passage du crâne à une forme moderne – est assurément advenu en Afrique il y a quelques 150 000 ans, mais les facteurs qui le sous-tendent demeurent pour la plupart inconnus. La « modernité » est un composite dont les éléments sont apparus à divers moments et en divers lieux, et qui se sont ensuite progressivement assemblés pour prendre la forme que nous lui reconnaissons aujourd’hui. La prééminence de l’Afrique tient donc à son étendue géographique et à la taille de ses populations humaines – qui ont offert davantage d’occasions aux variations morphologiques et comportementales, ainsi qu’au développement et à la préservation des innovations – plus qu’à une voie évolutive spécifique de ce continent.

            La question de nos origines et de l’évolution récente dévoile la force qu’ont exercée la démographie, la dérive génétique et la sélection culturelle. L’évolution aurait pu emprunter quantité d’autres chemins, qui aurait conduit à l’absence d’humanité. En la matière, la différence est parfois étroite entre échec et succès.

Chris STRINGER
Gallimard – 2014 – 480 pages

Les débuts du livre sont consacrés à un panorama du sujet.
Le Chapitre 2 porte essentiellement sur les méthodes archéologiques et anthropologiques : Carbone 14, luminescence, Uranium-Thorium, Résonance de spin électronique, Argon-Argon… autant de méthodes qui permettent de remonter jusqu’à 5 millions d’années en arrière avec une très grande précision.
Le Chapitre7 montre les apports de la génétique dans les recherches, notamment avec les ADN.

            Nombreux sont les articles de vulgarisation qui s’illustrent d’un dessin de l’humanité (généralement masculine) marchant fièrement à travers la page. Ce faisant, ils ont contribué à instiller l’idée fausse que l’évolution n’a été qu’une progression menant jusqu’à nous, son sommet et sa finalité. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Il y avait quantité d’autres chemins que l’évolution aurait pu emprunter. Beaucoup auraient conduit à l’absence d’humanité, d’autres à son extinction, d’autres encore à une version différente de la « modernité ». Nous incarnons une façon d’être humain – la seule qui survive aujourd’hui – mais ce que la paléoanthropologie a de fascinant, c’est de nous faire voir ces autres chemins vers l’humanité, leurs premiers succès et leurs fins, dues à l’échec ou simplement à la malchance…

L.F