Tout comprendre avec René Girard / Petit traité de la violence

Avec Girard, c’est non seulement notre vie personnelle et sociale qui s’éclaire d’un jour nouveau mais également tous les grands problèmes auxquels nous somme de plus en plus confrontés. A partir de la violence et de la religion, Girard refait l’Histoire de l’humanité, de la culture, et nous ouvre les yeux sur notre passé, notre présent et notre devenir. Son explication est des plus accessible puisque, par un formidable coup de balai, il jette à la trappe toute la philosophie, des présocratiques aux structuralistes, et met au placard toutes les sciences humaines sans exception. Fini le gaspillage de temps et d’intelligence pour aller à l’essentiel : trouver la vraie issue de secours pour éradiquer la violence !

 

 

Paul DUBOUCHET

Tout comprendre avec René Girard / Petit traité de la violence

L’Harmattan – 2015 – 215 pages

 

Que dire ?

Les présupposés étant présentés comme indiscutables, comment analyser ce qui ne peut être analysé ?

Les bases d’interprétation sont exclusivement extraites de textes bibliques et des Evangiles, autrement dit des textes dont nous n’avons aucune certitude qu’ils relatent des faits avérés ou des situations réellement vécues.

Comment, à partir de tels textes peut-on réfuter toutes les démarches philosophiques de l’Antiquité et déclarer inutiles toutes les disciplines humaines qui se sont développées depuis le 18e siècle ?

L’œuvre de René Girard est présentée comme de portée universelle alors qu’elle est essentiellement européocentrée et a comme fondement une religion et une seule, le christianisme. Difficile à avaler… D’autant que l’auteur affirme que RG fut le premier à considérer la religion comme une science (sic) humaine, puis de la définir comme « science (sic) de la violence »… Alors que les disciplines humaines et sociales ne peuvent évidemment pas revendiquer le statut de « sciences », car elles sont par définition circonstancielles et ne comportent quasiment aucun invariant. Et quand la religion chrétienne est présentée comme religion non sacrificielle, il est légitime de se demander si l’auteur a entendu parler de l’inquisition… ?

Inversement, il est écrit que l’essor des sciences et techniques depuis la Renaissance à monter leur impuissance à changer le Monde… alors que c’est exactement l’inverse, pour le meilleur et pour le pire, certes, mais indubitablement. L’auteur ne pourrait pas diffuser ses propos sans toutes les inventions qui lui permettent de le faire, pour prendre un exemple très simple.

 

« Alors que les diverses religions se disputent entre elles en prétendant chacune détenir la vérité, on peut ne tenir aucun compte d’une quelconque vérité de religion… Si l’on assigne à celle-ci sa place dans l’évolution humaine, elle n’a pas tant l’air d’être un acquis durable qu’un parallèle à la névrose par laquelle l’individu civilisé doit passer sur sa route menant de l’enfance à la maturité. » [S. Freud]

 

Mais pour Girard et Dubouchet, ça ne tient pas : hors de la religion chrétienne, non seulement point de salut, mais point de compréhension du Monde (P.193).

Ite missa est.

 

 

LF