Du neurone aux neurosciences cognitives

 

Nées au 19e siècle du désir de comprendre l’origine des maladies mentales, les neurosciences se développent en même temps que les innovations technologiques, les instruments de mesure et de visualisation. Une multitude de disciplines travaillent à la connaissance du fonctionnement cérébral par des approches aussi différentes que la recherche moléculaire, la génétique, l’exploration cognitive ou la clinique.

Cet ouvrage, écrit par deux spécialistes incontestés du domaine de la biologie et de la physiologie a la particularité rare de conjuguer les acquis les plus récents avec le fil historique des recherches depuis le 19e siècle. Il présente les enjeux actuels des recherches sur le cerveau, enjeux considérables pour la société. Des exemples significatifs, des expériences clés et leurs résultats, accompagnés d’une documentation fournie et précise, montrent l’état des connaissances actuelles de ces recherches, tout en les évaluant et les situant dans un contexte plus large.

 

 

François CLARAC & Jean-Pierre TERNAUX

Du neurone aux neurosciences cognitives

EMSH – 2015 – 450 pages

 

Aujourd’hui, nous savons que les neurones sont connectés entre eux, en réseaux fonctionnels distincts qui se sont complexifiés au cours de l’évolution. Ces derniers sont capables d’apprentissage et constituent les supports anatomiques de l’élaboration d’activités comportementales multiples. Ce soubassement cellulaire et les phénomènes d’intégration qu’il sous-tend constituent les fondements de l’expression comportementale. Les propriétés intrinsèques de l’élément neuronique sont autant de traits significatifs qui lient la structure aux diverses actions accomplies.

Le Chapitre « Evolution des méthodes en neurosciences » passe en revue toutes les évolutions majeures qui se sont succédées depuis plus d’un siècle, jusqu’aux explorations via la Résonance Magnétique Nucléaire, notamment.

 

Chapitre « Le cerveau sensitif ».

Chez les vertébrés supérieurs, la main constitue véritablement un prolongement du cerveau. Elle est un puissant organe sensoriel, qui assure la palpation et le toucher, mais aussi un effecteur d’une très grande efficacité qui permet la préhension, grâce au pouce opposable aux autres doigts. Ces deux modalités, sensitive et motrice, ne peuvent pas être dissociées, elles sont intimement liées.

 

Chapitre « Le cerveau moteur ».

Grâce à l’apprentissage, les divers commandes et contrôles qui règlent l’adaptation du sujet dans l’espace seront réalisés en vue d’une performance optimale. Les réseaux nerveux qui assurent de telles sélections se situent dans le néocortex, dans les noyaux de la base et dans le cervelet. L’imagerie cérébrale et les techniques utilisant des électrodes profondes intracorticales assurent aujourd’hui une approche précise du fonctionnement central nerveux.

 

Chapitre « Le cerveau en rythme ».

« Pour les neurophysiologistes habitués à mesurer des évènements rapides au niveau cellulaire, les travaux réalisés par les neurochimistes peuvent apparaître encore bien grossiers. Comme l’indique l’ensemble des données, les mécanismes de régulation de la synthèse, les caractéristiques du stockage et les processus de la libération de la dopamine ne peuvent être étudiés qu’au niveau de populations importantes de terminaisons dopaminergiques. Les neurochimistes semblent avoir l’avantage de personnaliser le système neuronal étudié puisqu’ils s’intéressent au sort du médiateur impliqué. »

 

Chapitre « Plasticité cérébrale : du normal au pathologique ».

On a remarqué que les Occidentaux, lorsqu’ils regardent un visage, fixent surtout les yeux et la bouche comme pour réaliser une analyse complète. Les Orientaux étudient l’ensemble e, fixant le point central, le nez ! L’apprentissage culturel s’inscrit ainsi dans le cerveau. On a comparé l’activité cérébrale d’illettrés, d’anciens illettrés et de vrais lettrés brésiliens et portugais en leur montrant différents objets, en les nommant ou en écrivant simplement le nom. Seuls les lettrés ont des zones correspondant à ces trois actions fondamentales.

 

Chapitre « Le cerveau cognitif ».

L’hyper-complexité du tissu cérébral pourrait défier l’espoir futur de pouvoir maîtriser la description exhaustive de la connectivité interne du cerveau et la possibilité, à terme, de construire des machines proches de la réalité biologique, capables de mimer l’ensemble des comportements élaborés par le cerveau. Néanmoins, la découverte des architectures modulaires a récemment ouvert de nouvelles perspectives dans ces domaines a priori totalement utopiques.

 

Dans les démocraties contemporaines, l’idée de pouvoir réglementer le comportement n’est pas dénué d’intérêt dans le milieu de la justice. Les neurosciences, qui cherchent à élucider comment l’activité cérébrale influence le comportement, apportent-elles désormais suffisamment de connaissances pour orienter de façon pertinente la pratique du droit ? Il faudra encore vraisemblablement un grand nombre d’années avant que les connaissances dans le domaine des neurosciences puissent être utilisées de façon pertinente pour apprécier le degré de responsabilité d’un individu, pour évaluer de façon rigoureuse l’occurrence de comportements dangereux ou encore l’éventualité de récidive.

 

Livre de grande qualité, certes un peu parfois ardu en lecture, mais sans effort, pas d’apprentissage.

Un glossaire de 80 pages (!) permet de resituer tous les termes de vocabulaire dans leurs contextes.

 

Renvois :

 

¤ Bernard CLAVERIE, L’homme augmenté (Néotechnologies) – FW N°43.

 

¤ Pierre CASSOU-NOGUES, Lire le cerveau – FW N°44.

 

¤ François GROS, Les nouveaux mondes de la biologie – FW N°47.

 

¤ Francesca MERLIN, Mutations et aléas (Hasards de l’évolution) – FW N°53.

 

¤ Philippe KOURILSKY, Le jeu du hasard et de la complexité (Immunologie) – FW N°56.

 

 

PhS