L’espace nouvelle frontière
Evidemment, ce concept de « nouvelle frontière » n’est pas nouveau en soi ; il a déjà été utilisé dans le passé pour tenter de caractériser les promesses de l’accès à l’espace circumterrestre par l’être humain, puis, au-delà vers des planètes lointaines un jour…
De nos jours, la réalité devient plus tangible avec le vote positif du Congrès des USA traduit en exécutoire par la signature du Space Resource Exploration and Utilization Act par le Président Barack Obama… le 25 Novembre 2015 ; visiblement passé inaperçu par les grands médias français, nombrilisme oblige. Un nouveau marché apparaît…
L’utilisation de l’espace à des fins « business » s’ouvre ainsi formellement, après quelques
tentatives passées infructueuses. Pour une partie des juristes, cette décision va à l’encontre des traités existants. Elle s’oppose notamment au principe de non-appropriation de l’espace à des fins privées affirmé dans le Traité de 1967. Celui-ci fut complété en 1979 lors d’un Accord régissant les activités des Etats sur la Lune et les autres corps célestes. L’ennui commence avec cet Accord : aucune grande puissance spatiale (USA, Russie, Chine, Japon, Inde, France…) ne l’a ratifié ; de plus, jusqu’à maintenant, le régime international relatif à l’exploitation des ressources naturelles des corps célestes n’a pas été précisé.
Pour d’autres juristes, le texte américain sera très difficile à contrer. Pour eux, l’interprétation essentielle est que ce n’est pas l’Etat – en l’occurrence US – qui s’approprie l’espace mais des organisations privées commerciales avec des baux à durées définies ; ce qui revient à dire que le différend devrait être transmis à l’OMC – Organisation Mondiale du Commerce – qui, en l’état du droit qu’elle gère, devrait se révéler incompétente. Enfin, le texte ne parle pas d’appropriation ni de souveraineté, il considère uniquement l’exploitation temporaire des matières premières.
Par analogie, nous retrouvons avec le SREUA la même démarche que celle produite par le Président Truman en 1945 lorsqu’il étendit unilatéralement la juridiction US sur les ressources naturelles de plateau continental des USA, ouvrant ainsi à ce qui finit par devenir une norme commune via les Accords de Montego Bay : les ZEE – Zones Economiques Exclusives.
Il faut bien comprendre que nous n’habitons aucunement un « Monde fini » qui se limiterait à la Terre exclusivement. C’est la promesse des NEA (Near Earth Asteroid] «Astéroïdes proches de la Terre », pour lesquels des études avancées montrent que l’on n’est plus dans l’imaginaire mais dans la concrétisation prochaine. Vestiges de la formation du système solaire, ils sont au nombre de
trois cent mille. De composition très variable, ils recèlent de l’eau (20 % parfois), mais aussi du
fer, cobalt, or, iridium, nickel, platine … etc … Enfin, la vitesse de libération très faible de ces corps
nécessite peu de puissance pour les « décoller» de leur orbite et les amener sur Terre ou en
orbite terrestre. A titre d’exemple, un astéroïde de deux kilomètres de diamètre contiendrait à lui
seul autant de fer que ce que l’humanité terrestre a exploité et consommé depuis son apparition.
Les géocroiseurs dont la capture – très sérieusement étudiée par la NASA et la société privée Planetary Ressources – amènerait des quantités de minerais représentant des centaines d’années de consommation terrestre actuelle (un astéroïde de 300 m de diamètre, c’est près de 50 millions de tonnes de minerais) ; sans omettre le programme spatial chinois qui avance à grands pas et qui comporte – entre autre – l’exploitation de l’Hélium3 de la Lune comme source d’énergie nouvelle. (Voir infra).
Le cas chinois
La Chine développe depuis plus de vingt ans un programme spatial conséquent, volontaire, séquencé sans échec apparent, particulièrement démonstratif et pragmatique.
Après avoir réussi les lancements adéquats pour mettre en orbite circumterrestre des charges de plus en plus lourdes (jusqu’à 100t), avoir réussi l’envoi de taïkonautes puis avoir organisé avec succès les rendez-vous spatiaux, trois aspects du programme chinois retiennent l’attention.
A/ La conquête de la Lune : Si l’Europe se trouve en retrait, les USA, la Russie, la Chine, l’Inde et le Japon affichent des ambitions bien exprimées, que ce soit vis-à-vis de la Lune, de Mars, de Comètes, d’Astéroïdes, voire encore au-delà. Certes, les projets chinois d’exploitation de l’Helium3 de la Lune laissent perplexes des scientifiques … des autres Pays ; mais il n’en demeure pas moins que celle-ci est à l’agenda chinois pour la période 2020-2030.
B/ La construction de leur propre station spatiale qui a débuté à l’Automne 2014. Outre que l’assemblage des modules complémentaires semble se dérouler selon le plan initial à quelques mois prêts, nous apprenons maintenant que cette station comportera un télescope, son « Hubble » qui sera dédié à l’étude des débuts de l’Univers, de la formation des corps lointains, à la recherche de l’énergie noire et de la matière noire. Cet appareil astronomique complètera ceux que les Chinois veulent installer de façon permanente… sur la Lune.
C/ Go to Mars !
Dans le contexte géopolitique où se développe la puissance chinoise et de par son organisation politique, moins on parle d’un sujet plus il est probable qu’en interne des planifications rigoureuses s’y rapportent. Il en va ainsi de l’intérêt pour la planète Mars. Avec évidemment des différences de taille, de moyens, d’enjeux… la logique chinoise est la même que pour la Lune avec un horizon décalé à 2040-2050 : aller voir ce qui pourrait être exploité sur Mars.
Ce que nous apprend le zeptoespace
Après la découverte (confirmation) du boson de Higgs en 2012, des physiciens du CERN s’interrogent sur l’apparition expérimentale de ce qui pourrait être une particule inconnue lorsque des protons en collision se désintègrent en deux photons ; celle-ci aurait une masse de 750 Gev. Vérification en Mars 2016.
Espérance de vie de l’électron : 66 milliards de milliards de milliards d’années, autrement dit 6627 ; – Détecteur Borexino (Italie).
Des simulations numériques montrent que l’interaction de trois molécules d’eau est nécessaire pour que l’une d’elles s’évapore. Le temps qui s’écoule entre la collision et l’évaporation est de 40 Femtosecondes (fs), autrement dit 40-15.
Conclusion : pour découvrir (et exploiter ?), il faut co-o-pé-rer !
Liam FAUCHARD / FutureScan / Février 2016
Sources :
= Pour la Science – n°460 – Février 2016.
= Espace & Exploration – n°31 – Janvier-Février 2016.
= La Recherche – n° 508 – Février 2016.
Texte publié initialement en Mars 2016 sur le site www.planete-mars.com ….. Avec illustrations couleur !