QUEL HOMME DEMAIN ?

Le questionnement sur la nature humaine a quitté le domaine de la métaphysique pour s’orienter vers la physique, puisque nous sommes un assemblage original de particules élémentaires. Avant d’arriver à « l’homme augmenté » via des prothèses, des greffes d’organes banalisées, des cyberthèses, des modifications du flux sanguin… dont il sera bienvenu de débattre largement dans nos sociétés, d’autres étapes nous attendent dans l’amélioration de notre constitution et dans le traitement de nos pathologies.

Les nouvelles possibilités offertes par les nanotechnologies sont fascinantes ; de nombreux secteurs des activités humaines sont concernés. Elles vont modifier de manière profonde la façon dont les matériaux et leurs combinaisons seront produits. L’annonce théorique du physicien Richard Feynman en 1959 se concrétise : nous pouvons agencer des briques élémentaires, moléculaires voire atomiques, comme nous le souhaitons. Des matériaux à la fois légers et très résistants, des pannes quasiment supprimées, de l’électronique moléculaire avec des auto-assemblages, des couplages avec les biotechnologies, la protection de l’environnement, la pétrochimie du futur « la chimie verte », ne sont que des aperçus des promesses.

 

Des milliers de sportifs expriment leurs talents tandis que leurs maillots sont faits de tissus de contention munis de microcapteurs fournissant une foule d’information : distance parcourue, changements de vitesse, rythme cardiaque, niveau d’hydratation… Dans le Rugby à VII, le Rugby à XIII, le Footy… certains entraîneurs se servent de ces microcapteurs pour repérer qu’un de leurs joueurs arrive à son seuil athlétique maximum.

 

PharmaSea, piloté par Marcel Jaspars à Aberdeen vise à explorer les fosses marines pour y détecter des micro-organismes de nature bactérienne possédant des capacités thérapeutiques exceptionnelles et qui pourraient prendre le relai des antibiotiques habituels parfois mis en échec. Les conditions expérimentales drastiques et les résultats aléatoires n’ont pas découragé les entrepreneurs (13 Pays, 25 Organismes, 11 M€ de fond dont une part de l’UE).  Ailleurs, les développements autour de l’astate, l’élément le plus rare sur Terre, devraient aider les chimistes à réaliser des applications  parfaitement adaptées à des traitements radio-pharmaceutiques, en particulier la méthode permettant de bloquer la croissance de cellules cancéreuses.

 

Le projet européen « Human brain project » qui vise à approfondir les recherches et les découvertes permettant d’améliorer le niveau de cognition de l’être humain entre en résonance positive avec les propos liminaires de la NSF des USA – National Science Foundation – « Si les sciences cognitives peuvent le penser, les nanotechnologies peuvent le construire, les biotechnologies peuvent l’implanter, et les technologies de l’information peuvent le surveiller et le contrôler. » [NBIC] Maintenant, est-ce que nous serons plus intelligents pour autant, ça, il faudrait le demander à Carlo Cippola qui a identifié les Crétins / Intelligents / Bandits / Stupides [*] ; ce serait donc CIBS versus NBIC.

 

Liam FAUCHARD / FutureScan / Janvier 2016

 

[*] Les lois de la stupidité humaine, PUF 2012.