L’Etat en mode start-up: Le nouvel âge de l’action publique

Yann ALGAN, Thomas CAZENAVE

Eyrolles – 2016 – 220 pages

 Les auteurs font le constat que le système administratif français est à la limite. L’état doit agir de manière transparente. La réforme par le décret d’en haut ne fonctionne pas. En s’appropriant les nouvelles technologies, ils doivent s’ouvrir vers les usagers et assurer des services de proximité.

Cet ouvrage a été préfacé par Emmanuel Macron et ceci donne le ton. Les auteurs, car il s’agit d’une œuvre collective ayant expérimenté la modernisation de l’état, tentent de dresser ce que devrait être la transformation de la puissance publique.

Ils refusent d’abonder dans la prétendue théorie du déclinisme de l’état. Bien au contraire, ils donnent des exemples de transformation réussie à l’orée du XXI éme siècle.

Pour les auteurs, la révolution numérique préfigure un « nouvel âge d’or de l’État », qui est fondé autour de trois piliers : la participation citoyenne, la personnalisation du service public et l’avènement de la culture du résultat dans des administrations déconcentrées.

Le point essentiel à la construction de cette modernité, c’est que les trois piliers se construiront sur deux principes : comprendre d’abord comment les citoyens agissent et leur créer un environnement favorable ; et ériger la simplicité comme une condition incontournable du nouvel État.

 

1)        Le citoyen participatif

Ils décrivent le citoyen comme coresponsable et coproducteur du bien public. L’Islande a fourni un excellent exemple à travers l’écriture de la constitution 2.0. Mais ils parlent également des budgets participatifs de Paris ou New York, et des applications pour faire remonter des informations via les citoyens comme Fluicity. C’est l’ère du « bottom-up ».

Pour eux, pour moderniser le service public, il faudra maintenant donner aux citoyens un rôle prépondérant, en les rendant co-responsables du bien commun mais aussi coproducteurs du service public. L’action publique est ouverte à tous pour améliorer l’efficacité du service publique à l’aide d’une grande plateforme collaborative.

 

2)        La confiance

La confiance oblige à une structure plus horizontale. Elle est le principal moteur l’adoption de l’innovation. Pour cela, il faut naturellement sortir du centralisme et du normalisme. En redonnant la liberté d’innovation et en s’appuyant sur des acteurs de terrain on facilite l’adoption. On garantit la simplicité et la compréhension.

La confiance passe également par la hiérarchie qui laisse place à l’initiative et à la responsabilité. Les agents pour être motivés sont responsabilisés. Et on gagne en performance, en satisfaction et en efficacité.

Un des préceptes avancés est celui de la notion d’équité plutôt que d’égalité. Le service public doit s’adapter au besoin de chacun pour accroitre son efficacité. En effet, en face de la diversification des besoins et des attentes, on ne doit plus répondre par une offre publique égale pour tous mais adaptée.

 

3)        La transparence et le pilotage par le résultat

Le Big Data fournit une masse de données sur l’action publique. À cet égard, l’évaluation des politiques publiques doit être systématique, transparente et indépendante. La création récente de d’organisme indépendant de mesure de l’efficacité publique constitue un pas dans la bonne direction. Le Congressional Budget office aux US, évalue tous les textes de loi, avant et après.

 

Conduire le changement de manière ascendante

Cette transformation de l’état ne peut pas se faire par décret. Elle demande un accompagnement en douceur pour faire comprendre les changements et faire adhérer.

C’est le climat de confiance généré seul qui peut instaurer le climat favorable à son adoption. Les agents ont la capacité de co-construire des projets pour les mettre en œuvre.

Les approches traditionnelles de la réforme sont mises en échec. L’Etat en mode start-up oppose une nouvelle vision, celle d’une action publique réinventée, plus agile et collaborative, « augmentée » par l’innovation technologique et sociale.

 

Conclusions :

Le tableau est un peu théorique mais intéressant. Par contre, cette analyse est un peu franco française. Les exemples sont ceux de la Poste, Pôle emploi, l’éducation nationale et l’inspection des finances etc..). Ils manquent de crédibilité. On aurait bien voulu avoir des comparaisons avec des exemples internationaux. Des choses que se passent en Estonie, l’Estonie, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse ou la Suède.

Pour ma part, je trouve cet ouvrage peu convainquant quant aux chances de succès dans de mutation de l’action publique française actuelle.

 

Renvois :

 

¤ Noël AMEC, L’impuissance publique – FW N°33.

 

¤ Gilles ROUET, Usages politiques des nouveaux médias – FW N°46.

 

¤ Philippe BAUMARD, Le vide stratégique – FW N°46.

 

¤ Gérald BRONNER, La démocratie des crédules – FW N°48.

 

¤ Laure BELLOT, La déconnexion des élites – FW N°56.

 

 

OH