Selon l’approche classique, l’intelligence serait une faculté unique et générale, mesurable par le fameux QI, grâce à des tests. De là à penser que le classement des individus sur « l’échelle de l’intelligence » refléterait la hiérarchie des destins scolaires, professionnels et sociaux, le pas est vite franchi. Or, évaluer chaque individu isolement sur quelques compétences hors contexte n’est plus crédible au regard de la science comme des besoins de la société.
FuturWest62
À la recherche de l’Univers invisible
Après ses stupéfiantes avancées du 20e siècle – la découverte de l’expansion de l’Univers, du Big Bang et des trous noirs -, la cosmologie serait-elle en train de perdre son objet d’étude ? L’avènement de la « matière noire », invisible mais nécessaire pour expliquer les mouvements des galaxies, celui de « l’énergie noire », insaisissable mais indispensable pour rendre compte de l’accélération de l’expansion de l’Univers, et celui des trous noirs, qui font apparaître la matière ordinaire comme un lapin dans un chapeau de magicien, donnent l’image d’un Univers élusif dont une part grandissante échappe à l’observation.
L’auteur fait la lumière sur le « triolet noir de notre ignorance » et cherche les biais susceptibles de dérober l’Univers à notre regard, en analysant les cinq « illusions » possibles.
David ELBAZ
Odile Jacob – 2016 – 200 pages
Voyage sur les flots de galaxies Laniakea, notre nouvelle adresse dans l’Univers
Géographes du cosmos, les cosmographes étudient la structure de l’Univers et la façon dont s’agencent et évoluent les galaxies qui le constitue.
L’auteur, astrophysicienne passionnée, nous fait découvrir sa quête pour cartographier le cosmos. Elle a visité les plus grands télescopes du Monde afin de mesurer la lueur de milliers de galaxies et d’en déduire les distances qui les séparent ainsi que leurs effets gravitationnels. Ces données ont ensuite été traitées et analysées, pour obtenir finalement une image en volume du superamas auquel appartient notre Voie Lactée, un continent extragalactique de 500 MAL, baptisé « Laniakea ».
Hélène COURTOIS
Dunod – 2016 -170 pages
Sauver le progrès
Si l’idée de progrès a guidé l’action sociale et politique moderne depuis Les Lumières, elle s’est considérablement affaiblie. Y compris les insatisfaits de la réalité actuelle, le mot même de progrès a perdu son sens. Progrès de quoi ? Progrès de qui ? Progrès vers quoi ? Qui peut encore répondre à ces questions ? Que le progrès n’ait plus d’attrait ni de contours, qu’il ne fasse plus consensus pour les « progressistes » est un facteur central de la fermeture actuelle des possibles. Le doute légitime vis-à-vis du progrès, en particulier technique et économique, a renforcé à son insu le discours hégémonique sur l’absence d’alternatives et sur la fin de l’Histoire. Afin de conjurer cette malédiction, l’auteur produit une analyse conceptuelle, historique et sociologique, qui vise à redéfinir ce que pourrait être un futur désirable pour celles et ceux qui souffrent du présent.
Selon l’auteur, le progrès est à la fois nécessaire et possible, et doit être réactivé à partir de deux matrices que sont la critique et l’imagination. Il faut aussi se défaire des conceptions euro-centrées qui ont dominé l’imaginaire des modernes. L’émergence d’une capacité à l’autodétermination collective apparaît comme la condition et l’horizon de tous les autres progrès
Hâte-toi lentement
Nous vivons dans un monde où le temps semble se réduire de plus en plus. Sous l’action de la technologie et de la marchandisation, nous sommes toujours connectés, sollicités à répondre et à réagir avec empressement, happés par une véritable frénésie visuelle et cognitive. Nous oublions que le cerveau a des mécanismes lents et, dans la tentative d’imiter des machines rapides, nous sommes confrontés à de nombreuses frustrations. La culture de la rapidité domine dans les relations et les décisions ; l’action immédiate l’emporte sur la réflexion. Même la politique et l’éducation subissent ce changement.
L’auteur, neuroscientifique éminent, démontre que c’est la nature même de notre cerveau qui n’est pas adaptée à cette précipitation. Il nous invite à redécouvrir les avantages et les potentialités d’une civilisation pratiquent la réflexion, basée notamment sur le langage et l’écriture, et à redonner la priorité au temps du cerveau vs celui des machines.
Cerveau augmenté, homme diminué
Le cerveau humain connait, étudie, explique et comprend, au point qu’il en est arrivé à prendre comme objet d’étude… lui-même. Et les nouvelles connaissances sur le fonctionnement du cerveau ébranlent profondément nombre de croyances au fondement de la culture occidentale. Car les remarquables avancées des neurosciences rendent en effet désormais envisageable pour certains la perspective d’améliorer le cerveau et de supprimer ses faiblesses et ses « défauts » : le rêve d’un cerveau « parfait » semble à portée de main.
Cette vision conduit à considérer notre cerveau comme un ordinateur qu’il s’agirait d’optimiser en l’améliorant par divers outils pharmacologiques ou informatiques. L’auteur montre ici pourquoi ce nouvel idéalisme du « cerveau augmenté » est en réalité une illusion dangereuse : le monde qu’entendent préparer les transhumanistes et certains scientifiques risque fort d’être habité par la folie et la maladie…
Miguel BENASAYAG
La Découverte – 2016 – 200 pages
Vers une société de mobilité / Les jeunes, l’emploi et le logement
En France, malgré les diverses actions publiques entreprises, le niveau de chômage des jeunes a continûment augmenté depuis les années 1970. Faut-il y voir une fatalité ? A-t-on identifié les véritables freins à leur entrée dans le marché du travail ?
Alors qu’il est avéré que vivre dans une région riche en emplois qualifiés augmentent systématiquement les chances de retour à l’emploi, on peut s’étonner de la très grande faiblesse de la mobilité des jeunes en France. Pourquoi ne se déplacent-ils pas pour bénéficier des meilleurs environnements économiques ?
Le livre présenté ici montre que le phénomène ne tient pas tant à des choix personnels ou familiaux qu’à l’existence de politiques publiques qui entravent la mobilité. Les politiques de logements et d’emplois aidés tendent à enfermer les jeunes dans ce qu’on pourrait qualifier de trappes à immobilité. Les auteurs proposent cinq mesures…
Le voyageur hypermoderne
La figure du voyageur moderne a surgi dans l’histoire avec l’apparition d’outils qui lui ont permis d’explorer le monde, d’aller plus loin, de témoigner de son aventure. Or, les technologies de l’information, en s’inscrivant dans la continuité de cette tradition, font entrer le voyageur dans le nouveau contexte d’un monde connecté, transformant à jamais l’essence même de son entreprise, bouleversant pour toujours son expérience de l’ailleurs.
Si ses motivations à partir demeurent identiques à celle de son homologue du siècle passé, le voyageur d’aujourd’hui est plongé dans un « ici et ailleurs à la fois » qui court-circuite l’expérience de l’éloignement et de la séparation, et lui impose des questions inédites. Doit-il partir avec un téléphone portable ou pas ? Avec qui va-t-il maintenir un lien, à quel rythme et dans quelles situations ? Pourquoi se passer d’un GPS ?
Francis Jaureguiberry & Jocelyn Lachance
Erès – 2016 – 150 pages